Saison 2023-2024
Programme « Si la mort m’était chantée »
Direction musicale Christian Michon, mise en scène Vincent Villemagne (Compagnie Traction Avant)
Concerts les samedi 23 et dimanche 24 mars 2024, salle Erik Satie, 4 rue Prosper Alfaric à Vénissieux
Après avoir renoué avec la proximité de la mort dans nos vies quotidiennes bouleversées par la pandémie, nous proposons un programme de chansons et d’airs qui nous parlent de la mort, dans des styles musicaux très variés. Un sujet certes difficile, mais que nous avons eu envie de transmettre et de partager avec un public. Un sujet tabou et pourtant largement abordé sous de multiples angles par les compositeurs et leurs interprètes. Purcell, Fauré, Saint-Saens, Brel, Brassens, Ferré, Arno, Gainsbourg, Nougaro, Renaud, et bien d’autres encore nous ont inspiré une suite chantée riche en émotions. Elle est rythmée aussi par des textes, des poèmes, des interventions, l’ensemble étant mise en scène par Vincent Villemagne de la Compagnie Traction Avant. Aucune morbidité malsaine ici, mais une ouverture à une variété de langages et de regards portés sur ce qui nous attend tous un jour. Des évocations de la mort à écouter pour nous enrichir, nous en nourrir et nous faire réfléchir, parfois nous faire rire, et nous emmener, tout à la fin au bout du spectacle, vers une intense vitalité. Les interprétations sont confiées à différentes formes de la chorale : grand chœur, petit ensemble, solistes, chœur de femmes et chœur d’hommes.
Retrouvez ici le livret de présentation à feuilleter, ainsi que tous les textes du programme ci-dessous.
1ère partie : Mise en ambiance, présentation du sujet
Libera Me
Extrait du Requiem en Ré mineur (1887-1890) de Gabriel Fauré – 1893
| Libera me, Domine, de morte aeterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, Dum veneris judicare saeculum per ignem Tremens factus sum ego, et timeo, dum discussio venerit, atque ventura ira. Quando coeli movendi sunt et terra. Dies illa, dies irae, calamitatis et miseriae, dies magna et amara valde. Dum veneris judicare saeculum per ignem. Requiem aeternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis. Libera me, Domine, de morte aeterna... | Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour terrible, quand les cieux et la terre seront ébranlés, lorsque tu viendras juger le monde par le feu. Je suis saisi de crainte et je tremble quand je pense à cet examen qui doit se faire, Et à la colère qui doit s'allumer Quand les cieux et la terre seront ébranlés. Ce jour-là sera un jour de colère, de calamité et de misère, Un grand jour, et bien redoutable. Lorsque tu viendras juger le monde par le feu. Donne-leur le repos éternel, Seigneur, Et fais luire sur eux ton éternelle lumière, Délivre-moi, Seigneur… |
D’après un texte de Michel Winock
Extrait d’interview dans Sciences Humaines N° 338 – juillet 2021
En ces temps plus anciens, la mort était au cœur de la vie comme le cimetière était au cœur du village. Progressivement, dans nos pays, l’espérance de vie s’est élevée, la mortalité infantile a diminué. Les conditions de vie se sont améliorées, les vaccins ont fait disparaître toute une série de maladies comme la variole, la poliomyélite ou la diphtérie. Les antibiotiques ont pu guérir des maladies autrefois mortelles, comme la tuberculose.
Tout cela et peut-être la disparition de la dimension religieuse, fait que la mort est aujourd’hui devenue scandaleuse. Quand mon frère et mon père sont morts, mes sœurs allaient au pressing pour faire teindre leur robe et leur corsage en noir, et nous, les garçons, portions un brassard ou un ruban noir sur notre veste. Aujourd’hui, on ne meurt plus chez soi, on ne veille plus les morts, on ne porte plus le deuil. Dans tous les domaines, toutes les classes sociales, toutes les familles, il y a eu un éloignement de la mort.
La crise sanitaire a un peu réveillé la conscience de celle-ci : chacun a pu être atteint, on a lu dans le journal les statistiques quotidiennes de la mortalité, la mort est redevenue presque familière. Elle n’est plus loin de nous, elle nous menace et, précisément, quand l’un des nôtres meurt, on veut être là, pour l’accompagner, et porter le deuil. La conjoncture de crise, les guerres de par le monde, ont fait que nous nous sommes réapproprié l’idée de la mort que nous excluions il y a encore deux ou trois ans.
Ne Chantez pas La Mort !
Paroles : Jean-Roger Caussimon / Musique : Léo Ferré – 1972
(1er couplet parlé) Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort… La Mort…
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort… La Mort…
La mienne n’aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul, dans la main une faux
Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu’il faut
La Mort… La Mort…
De grands yeux d’océan, la voix d’une ingénue
Un sourire d’enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort… La Mort…
Requiem de Mozart et non Danse Macabre
Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns!
La Mort c’est la beauté, c’est l’éclair vif du sabre
C’est le doux penthotal de l’esprit et des sens
La Mort… La Mort…
Et n’allez pas confondre et l’effet et la cause
La Mort est délivrance, elle sait que le Temps
Quotidiennement nous vole quelque chose
La poignée de cheveux et l’ivoire des dents
La Mort… La Mort…
Elle est Euthanasie, la suprême infirmière
Elle survient, à temps, pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort… La Mort…
Le Temps, c’est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort, c’est l’infini dans son éternité
Mais qu’advient-il de ceux qui vont à sa rencontre?
Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter
La Mort… La Mort… La Mort ?…
What Power Art Thou!
Henry Purcell (1659 – 1695) – Extrait du King Arthur (1691), Acte III, livret de John Driden – 1691
Cupidon réveille le Génie du Froid car il veut lui prouver la force de l’Amour.
Congelé, le Génie est hermétique à l’Amour et dit à Cupidon :
Cold Genius
Le Génie du froid
What power art thou, who from below
Quel pouvoir es-tu, toi qui d’en bas
Hast made me rise unwillingly and slow
M’as fait me lever malgré moi et lentement
From beds of everlasting snow?
Du lit de la neige éternelle ?
See’st thou not how stiff and wondrous old
Ne vois-tu pas comme, raide et accablé de vieillesse,
Far unfit to bear the bitter cold,
Loin de pouvoir à supporter les morsures du froid,
I can scarcely move or draw my breath?
Je peux à peine me mouvoir ou prendre mon souffle ?
Let me, let me freeze again to death.
Laisse-moi à nouveau, laisse-moi geler jusqu’à la mort.
2e partie : La vie a une fin, une mort « naturelle »,
la nôtre et celle de nos proches
Bonhomme
Paroles et musique : Georges Brassens – 1956
Malgré la bise qui mord La pauvre vieille de somme
Va ramasser du bois mort Pour chauffer bonhomme
Bonhomme qui va mourir De mort naturelle
Mélancolique elle va A travers la forêt blême
Où jadis elle rêva De celui qu’elle aime
Qu’elle aime et qui va mourir De mort naturelle
Rien n’arrêtera le cours De la vieille qui moissonne
Le bois mort de ses doigts gourds Ni rien ni personne
Car bonhomme va mourir De mort naturelle
Non rien ne l’arrêtera Ni cette de voix de malheure
Qui dit : « Quand tu rentreras Chez toi tout à l’heure
Bonhomm’ sera déjà mort De mort naturelle. »
Ni cette autre et sombre voix Montant du plus profond d’elle
Lui rappeler que parfois Il fut infidèle
Car bonhomme il va mourir De mort naturelle.
Mon Amie la Rose
Paroles : Cécile Caulier / Musique : Cécile Caulier et Jacques Lacome – 1964
| On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin À l'aurore je suis née Baptisée de rosée Je me suis épanouie Heureuse et amoureuse Aux rayons du soleil Me suis fermée la nuit Me suis réveillée vieille Pourtant j'étais très belle Oui, j'étais la plus belle Des fleurs de ton jardin | On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin Vois le dieu qui m'a faite Me fait courber la tête Et je sens que je tombe Et je sens que je tombe Mon cœur est presque nu J'ai le pied dans la tombe Déjà je ne suis plus Tu m'admirais hier Et je serai poussière Pour toujours demain | On est bien peu de chose Et mon amie la rose Est morte ce matin La lune cette nuit A veillé mon amie Moi en rêve j'ai vu Éblouissante et nue Son âme qui dansait Bien au-delà des nues Et qui me souriait Croit, celui qui peut croire Moi, j'ai besoin d'espoir Sinon je ne suis rien Ou bien si peu de chose C'est mon amie la rose Qui l'a dit hier matin |
Aujourd’hui je me suis promené…
Robert Desnos – Recueil « État de veille » – 1936
Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade, même s’il est mort
Je me suis promené avec mon camarade
Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs, les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort
Avec mon camarade je me suis promené avec mon camarade
Jadis mes parents allaient seuls aux enterrements
Et je me sentais petit enfant
Maintenant je connais pas mal de morts, j’ai vu beaucoup de croque-morts
Mais je n’approche pas leur bord
C’est pourquoi tout aujourd’hui je me suis promené avec mon ami
Il m’a trouvé un peu vieilli
Un peu vieilli, mais il m’a dit : toi aussi tu viendras où je suis
Un dimanche ou un samedi
Moi je regardais les arbres en fleurs, la rivière passer sous le pont
Et soudai j’ai vu que j’étais seul
Alors je suis rentré parmi les hommes
Berceuse à Pépé
Paroles : Claude Nougaro / Musique : Claude Nougaro et Frank Dallone – 1966
Tu vas mourir, tu vas t’éteindre Comme une lampe de chevet,
Quand le matin commence à poindre, Quand le bouquin est achevé,
Dors en paix, Pépé.
Tu vas abandonner ton souffle, Les tâches rousses de tes mains,
Et repasser sans tes pantoufles, Le seuil du monde des humains,
Dors en paix, Pépé.
Je ne m’en fais pas pour ton âme, Tu n’as à craindre nulle flamme,
Bien que tu te sois dit sans dieu. Tu peux sans faire de grimaces
Regarder le soleil en face Quand tu auras fermé les yeux.
Un peu de toi s’en va descendre, Mais tout le reste va monter
Quitter cette vallée de cendres, Pour une planète d’été,
Dors en paix, Pépé.
A belles dents tu déjeunes, Le soir tu soupes de peu.
La vie ça t’aiguise en jeune, Puis ça te déguise en vieux.
Vas tu connaître la recette D’un repas qui coûte moins cher
Et vas tu faire la conquête D’une beauté hors de la chair
Dors en paix, Pépé
Où tu vas je ne puis t’atteindre, Suis moi si tu peux où je vais,
Déjà le jour commence à poindre, J’éteins ta lampe de chevet.
Dors en paix, Pépé Dors en paix, Pépé.
Les Marquises
Paroles : Jacques Brel / Musique : Marcel Azzola et Gérard Jouannest – 1977
Arrangement pour le trio « Quai des Brunes » sur l’album « Est-ce ça le chemin des dames ? »
Ils parlent de la mort comme tu parles d’un fruit
Ils regardent la mer comme tu regardes un puits
Les femmes sont lascives au soleil redouté
Et s’il n’y-a pas d’hiver cela n’est pas l’été
La pluie est traversière, elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin
Et par manque de brise Le temps s’immobilise, Aux Marquises
Du soir montent des feux et des points de silence
Qui vont s’élargissant et la lune s’avance
Et la mer se déchire infiniment brisée
Par des rochers qui prirent des prénoms affolés
Et puis plus loin des chiens, des chants de repentance,
Et quelques pas de deux et quelques pas de danse
Et la nuit est soumise Et l’alizé se brise, Aux Marquises
Le rire est dans le cœur, le mot dans le regard
Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard
Et passent les cocotiers qui écrivent des chants d’amour
Que les sœurs d’alentour ignorent d’ignorer
Les pirogues s’en vont, les pirogues s’en viennent
Et mes souvenirs deviennent ce que les vieux en font
Veux tu que je te dise Gémir n’est pas de mise, Aux Marquises.
Pie Jesu
Extrait du Requiem en Ré mineur (1887-1890) de Gabriel Fauré – 1893
« Il a été dit que mon Requiem n’exprime pas la peur de la mort et quelqu’un l’a appelé « Berceuse de la mort », mais c’est ainsi que je vois la mort : comme une heureuse délivrance, une aspiration vers le bonheur suprême, plutôt que comme une épreuve douloureuse ». Gabriel Fauré
| Pie Jesu Domine, dona eis requiem, dona eis requiem, sempiternam requiem | Ô Seigneur Jésus, accorde leur le repos, accorde leur le repos, le repos éternel |
3e partie : Humour noir
La vie éternelle
Extrait d’un sketch de Blanche Gardin (retranscription) – 2017
C’est une belle idée en soi le suicide, c’est une très belle invention. Quand t’es au bout d’ta vie, que tu te dis, bon, visiblement, l’existence c’est quelque chose qui n’a pas été fait pour moi, tu te dis, bon, au pire, si ça tourne mal, j’ai l’option suicide, je peux le faire hein, c’est une idée qui est très réconfortante en fait. Mais si le doute spirituel intervient, alors là, c’est plus du tout une idée réconfortante, parce qu’on se dit… tu imagines, tu te suicides et boum, y’a une vie après la mort en fait… Euh… encore cette merde ?! Non… c’était pas le projet en fait. T’as intérêt à aimer la vie si tu te suicides, parce que c’est peut être pour toujours que tu te la cognes après. Moi j’ai très peur de la vie éternelle à cause de ça.
Et en plus ils sont tous dessus, ça y est, c’est le projet. Ils veulent supprimer la mort, pour de vrai… Google investit des milliards de dollars dans la recherche contre la mort. Mark Zuckerberg, notre père à tous, investit une grande partie de sa fortune dans la recherche pour la vie éternelle, c’est fascinant ! Y’a les trois quart des habitants de cette planète qui a l’espérance de vie d’un labrador cancéreux, à peu près, et dans la Silicone Vallée, on est là… Oh ça fait chier de mourir d’un cancer à 85 ans, c’est fascinant quand même ! On est peut être sur le point… d’éradiquer… la mort ! C’est flippant… On ne peut pas supprimer la mort, il ne faut pas supprimer la mort. C’est important la mort… pour la vie. Non mais, c’est important, parce que c’est bien parce que l’on a une idée de la fin toujours quelque part dans notre tête, qu’on peut supporter l’existence. C’est pour ça ! Si on devait se lever tous les matins avec la certitude que nos emmerdes sont éternels, on aurait envie de se flinguer, tous les matins, et on pourrait plus ! Non là, ce s’rait l’enfer ! Non, je pense qu’il faut garder la mort, c’est important !
Le Poinçonneur des Lilas
Paroles et musique : Serge Gainsbourg – 1958
J’suis l’poinçonneur des Lilas Le gars qu’on croise et qu’on n’regarde pas
Y a pas d’soleil sous la terre Drôle de croisière
Pour tuer l’ennui, j’ai dans ma veste Les extraits du Reader-Digest
Et dans c’bouquin, y a écrit Que des gars s’la coulent douce à Miami
Pendant c’temps que je fais l’zouave Au fond d’la cave
Paraît qu’y a pas d’sot métier Moi j’fais des trous dans des billets
J’fais des trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Des trous d’seconde classe Des trous d’première classe
J’fais des trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Des petits trous, des petits trous, Des petits trous, des petits trous…
J’suis l’poinçonneur des Lilas Pour Invalides, changez à Opéra
Je vis au cœur d’la planète J’ai dans la tête
Un carnaval de confettis J’en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence Je n’vois briller que les correspondances
Parfois je rêve, je divague Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai J’vois un bateau qui vient m’chercher
Pour m’sortir de ce trou où je fais des trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Mais l’bateau se taille Et j’vois qu’je déraille
Et je reste dans mon trou à faire des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Des petits trous, des petits trous, Des petits trous, des petits trous…
J’suis l’poinçonneur des Lilas Arts-et-Métiers, direct par Levallois
J’en ai marre, j’en ai ma claque De ce cloaque
Je voudrais jouer la fille de l’air Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra, j’en suis sûr Où j’pourrai m’évader dans la nature
J’partirai sur la grand route Et coûte que coûte
Et si pour moi, il est plus temps Je partirai les pieds devant
J’fais des trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Y a d’quoi devenir dingue De quoi prendre un flingue
S’faire un trou, un p’tit trou, un dernier p’tit trou
Un p’tit trou, un p’tit trou, un dernier p’tit trou
Et on m’mettra dans un grand trou
Et j’n’entendrai plus parler d’trou, plus jamais d’trou
De petits trous, de petits trous, de petits trous.
La Queue du Chat
Paroles et musique : Robert Marcy – 1948 / Chanté par Les Frères Jacques en 1956
Le médium était concentré, l’assistance était convulsée,
La table soudain a remué, et l’esprit frappeur a frappé…
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat qui vous électrise,
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat qui a fait c’bruit là
Non l’esprit n’est pas encore là, runissons nos fluides
Et recommençons nos ébats que le chat gâcha
Puis un souffle étrange a passé, une ombre au mur s’est profilée
L’assistance s’est mise à trembler, mais le médium a déclaré…
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat qui vous électrise,
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat qui passait par là
Non l’esprit n’est pas encore là, runissons nos fluides
Et recommençons nos ébats que le chat gâcha
Alors en rond on se remit, et puis on attendit l’esprit
Quand une dame poussa un cri, en disant « je le sens, c’est lui ! »
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat qui vous électrise,
C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du chat que pensiez vous là
L’esprit n’vous aurait pas fait ça, vous n’avez pas d’fluide
Le médium alors se fâcha et chassa le chat
Une voix dit : Miaou me voilà ! Quelle drôle de surprise,
Car l’esprit s’était caché là, dans la queue du, dans la queue du…
Dans la queue du chat !
Aphorismes et citations
- La mort n’est en définitive que le résultat d’un défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir-vivre (Pierre Dac)
- Mourir, c’est la dernière des choses à faire (Jean Yann)
- La mort ne m’aura pas vivant (Jean Cocteau)
- Apprendre à mourir et pourquoi ? On y réussit très bien la première fois ! (Nicolas Chamfort)
- Le lit est l’endroit le plus dangereux du monde. 99 % des gens y meurent. (Mark Twain)
- L’immortalité engendre la paresse. En effet un immortel remet toujours au lendemain ce qu’un mortel aurait fait le jour même. (Georges Wolinski)
- Mozart était tellement précoce qu’à 35 ans, il était déjà mort. (Pierre Desproges)
- Il le sait bien, le chef d’orchestre, qu’il finira dans la fosse ! (Michel Galabru)
- Les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Surtout les veuves. (Pierre Dac)
- La mort est le commencement de la vie : proverbe asticot. (François Cavana)
- Nous deviendrons tous poètes : nous allons tous faire des vers… (Danton)
- Quand le chat n’est plus sur mémé, c’est sans doute qu’elle est froide… (Pierre Desproges)
Mais où est-ce qu’on les enterre ?
Paroles : Françoise Mallet-Joris / Musique : Marie-Paule Belle – 1995
Deux cent vingt trois épouses parfaites, Trois cent seize maris dévoués,
Et quant aux bonnes mères, aux excellents pères, On n’peut même pas les compter
Cent quarante députés honnêtes, Deux cent treize excellents voisins,
Dans les cimetières, y’a qu’à lire les pierres, Ce sont tous de petits saints
Mais où est-ce qu’on les enterre ceux qui sont méchants,
Qui faisaient pleurer leur mère, battaient leurs enfants,
Les antipathiques, tous les renfrognés,
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Mais où est-ce qu’on les enterre les vilains râleurs,
Les huissiers et les belle-mères et les percepteurs,
Les grippe-sous notoires, et les créanciers
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Soixante quinze plus que centenaires, Qui n’ont jamais ni bu ni fumé,
Quarante hommes d’affaires, que leurs actionnaires Ont tenu à remercier
Six douzaines de chastes comédiennes, Qui vivaient pour l’art et la beauté,
Dans les cimetières, y’a qu’à lire les pierres, Ils s’ront tous canonisés
Mais où est-ce qu’on les enterre ceux qui sont méchants,
Les maqu’reaux et les mégères, tous les médisants,
Ceux qu’on croise très vite, dans les escaliers,
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Mais où est-ce qu’on les enterre les vilains gagas,
Qui vous parlent des heures entières de leurs estomacs,
Les envieux chroniques, et les constipés,
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Mais où est-ce qu’on les enterre les gens des guichets,
Qui se servent d’un formulaire pour vous torturer,
Tyrans minuscules, petits chefs ratés,
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Mais où est-ce qu’on les enterre ceux qui sont méchants,
Qui faisaient pleurer leur mère, battaient leurs enfants,
Les antipathiques, tous les renfrognés,
Que personne n’a jamais jamais jamais regretté ?
Danse Macabre
Paroles : Henri Cazalis / Musique : Camille Saint-Saëns – 1874
Zig et zig et zig, la mort en cadence Frappant une tombe avec son talon,
La mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon.
Le vent d’hiver souffle, et la nuit est sombre ; Des gémissements sortent des tilleuls ;
Les squelettes blancs vont à travers l’ombre, Courant et sautant sous leurs grands linceuls.
Zig et zig et zig, chacun se trémousse, On entend claquer les os des danseurs ;
Un couple lascif s’asseoit sur la mousse, Comme pour goûter d’anciennes douceurs.
Zig et zig et zag, la mort continue De racler sans fin son aigre instrument.
Un voile est tombé ! La danseuse est nue, Son danseur la serre amoureusement.
La dame est, dit-on, marquise ou baronne, Et le vert galant un pauvre charron ;
Horreur ! Et voilà qu’elle s’abandonne Comme si le rustre était un baron.
Zig et zig et zig, quelle sarabande ! Quels cercles de morts se donnant la main !
Zig et zig et zag, on voit dans la bande Le roi gambader auprès du vilain.
Mais psit ! Tout à coup, on quitte la ronde, On se pousse, on fuit, le coq a chanté.
Oh ! La belle nuit, pour le pauvre monde. Et vivent la mort, et l’égalité !
4e partie : Aller au devant de la mort
Combattants, résistants, révoltés, condamnés
Le dormeur du val
Athur Rimbaud – 1870
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
La chanson de Craonne
Paroles anonymes / Musique : Charles Sablon (Bonsoir M’amour)
Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé, On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile.
Mais c’est bien fini, on en a assez, Personne ne veut plus marcher ,
Et le cœur bien gros, comme dans un sanglot, On dit adieu aux civlots
Même sans tambour, même sans trompette, On s’en va là-haut en baissant la tête.
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance, Pourtant on a l’espérance,
Que ce soir viendra la r’lève Que nous attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit, et dans le silence, On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier, de chasseur à pieds, Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe, Les petits chasseurs vont chercher leur tombe.
Adieu la vie, adieu l’amour, Adieu toutes les femmes,
C’est bien fini, c’est pour toujours, De cette guerre infâme,
C’est à Craonne, sur le plateau, Qu’on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés, Nous sommes les sacrifiés.
C’est malheureux d’voir, sur les grands boul’vards, Tous ces gros qui font la foire,
Si pour eux la vie est rose, Pour nous c’est pas la même chose.
Au lieu d’se cacher, tous ces embusqués, F’raient mieux d’monter aux tranchées,
Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien, Nous aut’es les pauv’es purotins.
Tous les camarades sont enterrés là, Pour défendre les biens de ces messieurs là.
Ceux qu’on l’pognon, ceux là r’viendront, Car c’est pour eux qu’on crève,
Mais c’est fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra vot’ tour, messieurs les gros, De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez faire la guerre, Payez la d’votre peau !
L’Affiche Rouge
Texte : Louis Aragon / Musique : Léo Ferré – 1961
Vous n’avez réclamé la gloire, ni les larmes
Ni l’orgue, ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà, que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos « morts pour la France »
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
« Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand »
Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses
Adieu la vie, adieu la lumière et le vent
Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leurs cœurs avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
Morts les enfants
Paroles : Renaud Séchan / Musique : Franck Langolff – 1985
Chiffon imbibé d’essence
Un enfant meurt en silence
Sur le trottoir de Bogota
On ne s’arrête pas
Déchiquetés au champs de mines
Décimés aux premières lignes
Morts les enfants de la guerre
pour les idées de leurs pères
Bal à l’ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et grabataires
Se partagent l’univers
Morts les enfants de Bophal
D’industrie occidentale
Partis dans les eaux du Gange
Les avocats s’arrangent
Morts les enfants de la haine
Près de nous ou plus lointaine
Morts les enfants de la peur
Chevrotine dans le cœur
Bal à l’ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et militaires
Se partagent l’univers
Morts les enfants du Sahel
On accuse le soleil
Morts les enfants de Seveso
Morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route
Dernier week-end du mois d’août
Papa picolait sans doute
Deux ou trois verres, quelques gouttes
Bal à l’ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et tortionnaires
Se partagent l’univers
Mort l’enfant qui vivait en moi
Qui voyait dans ce monde-là
Un jardin, une rivière
Et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle
Les hommes sont devenus dingues
La rivière charrie des larmes
Un jour l’enfant prend une arme
Balles sur l’ambassade
Attentat, grenades
Hécatombe au ministère
Sous les gravats les grabataires
Si nous mourons
Texte : Ethel Rosenberg / Musique : Joseph Kosma – 1954
Vous saurez un jours, mes fils, vous saurez,
Pourquoi nous laissons le chant interrompu,
Le livre ouvert, la besogne inachevée,
Pour reposer sous terre.
Ne pleurez plus, mes fils, ne pleurez plus.
Pourquoi mensonges et souillures,
Inventés de toutes pièces.
Pourquoi les larmes que nous versons,
L’injustice qui nous accable,
Le monde le saura un jour.
La terre sourira, mes fils, elle sourira,
Et la verdure s’épanouira sur notre tombe.
Les massacres cesseront, les massacres cesseront, cesseront,
La terre fleurira dans la paix fraternelle.
Travaillez, travaillez et construisez mes fils,
Construisez un monument à l’amour, à la joie,
A la dignité humaine, à la foi que nous avons gardée,
Pour vous, mes fils, pour vous, mes fils,
Pour vous mes fils, pour vous.
Da Pacem Domine
Arvo Part – 2007
Da Pacem Domine
In diébus Nostris
quia non est Alius
Qui pugnet pro nobis
Nisi tu Deus noster
5e partie : Hymne à la vie, vivre jusqu’au bout
Que la vie en vaut la peine
Louis Aragon « Les yeux de la mémoire » extrait du chant II « Que la vie en vaut la peine » – 1954
C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront à l’enfant rencontré
Qui se retourneront à leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant
C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un instant nous ait paru si tendre
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
Je veux vivre
Paroles : Arno Hintjens – 2016
Je veux vivre / dans un monde / sans jalousie / sans amants
Et où / les pessimistes / sont / contents
Je veux vivre / dans un monde / sans / papiers
Et où / mon foie / arrête de / pleurer
Je veux vivre / dans un monde / sans / pilules
Où les riches / et les pauvres / n’existent / plus
Je veux vivre / dans un monde / où les chiens embrassent / les chats
Et où / ils dansent / ils dansent une / rumba
Je veux vivre / dans un monde / où les malheureux / sont heureux
Je veux vivre / dans un monde / où Dieu il est / amoureux
Je veux vivre / dans un monde / sans / chichis
Et où / les cons / font pas / font pas / du bruit
Je veux voler très haut / libre / comme un poisson / dans l’eau
Et dans / ma bouche / pas / de mots
Je veux vivre / dans un monde / sans / cholesterol
Avec / une overdose / de rock / ‘n roll
Je veux vivre / dans un monde / où on ne doit pas / chercher
Chercher / la beauté / chercher / la / vérité
Je veux vivre / dans un monde / où on ne doit pas / chercher
Chercher / la beauté / chercher / la / vérité
Deux escargots s’en vont à l’enterrement d’une feuille morte
Texte : Jacques Prévert / Musique : Joseph Kosma – 1945
A l’enterrement d’une feuille morte Deux escargots s’en vont
Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes
Ils s’en vont dans le soir Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent C’est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots Sont très désappointés
Mais voilà le soleil Le soleil qui leur dit :
Prenez, prenez la peine La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière Si le cœur vous en dit
Prenez si ça vous plaît l’autocar pour Paris
Il partira ce soir Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil C’est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l’œil Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueil C’est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante La chanson de l’été
Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir Un joli soir d’été
Et les deux escargots S’en retournent chez eux
Ils s’en vont très émus Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un p’tit peu
Mais là-haut dans le ciel La lune veille sur eux
Chante comme si tu devais mourir demain
Paroles : Pierre Delanoë / Musique : Michel Fugain (extrait) – 1973
Chante la vie chante,
Comme si tu devais mourir demain
Comme si plus rien n’avait d’importance
Chante oui chante
Aime la vie aime
Comme un voyou comme un fou comme un chien
Comme si c’était ta dernière chance
Chante oui chante
Tu peux partir quand tu veux
Et tu peux dormir où tu veux
Rêver d’une fille
Prendre la Bastille
Ou claquer ton fric au jeu
Mais n’oublie pas
Chante la vie chante,
Comme si tu devais mourir demain
Comme si plus rien n’avait d’importance
Chante oui chante
La philosophie
Paroles et musique : Joseph Mustacchi – 1975
C’est une jolie bande de joyeux fêtards
Qui se couchent à l’aurore et se lèvent très tard
Ne pensant qu’à aimer ou jouer de la guitare
Ils n’ont dans la vie que cette philosophie
Nous avons toute la vie pour nous amuser
Nous avons toute la mort pour nous reposer
Nous avons toute la vie pour nous amuser
Nous avons toute la mort pour nous reposer
Ils ne font rien de plus que fêter chaque instant
Saluer la pleine lune, célébrer le printemps
Si bien qu’pour travailler ils n’ont plus guère le temps
Ils n’ont dans la vie que cette philosophie
Et je me reconnais en eux assez souvent
Comme eux je gaspille ma vie à tous les vents
Et je me dis qu’ils sont mes frères ou mes enfants
Ils n’ont dans la vie que cette philosophie
S’ils passent parmi vous, regardez-les bien vivre
Et comme eux soyez fous, et comme eux soyez ivres
Car leur seule folie, c’est vouloir être libres
Ils n’ont dans la vie que cette philosophie
Ils vieilliront aussi qu’ils restent ce qu’ils sont
Des viveurs d’utopie aux étranges façons
Des amants, des poètes, des faiseurs de chansons
Ils n’ont dans la vie que cette philosophie